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Histoire de Noureddin Ali, et de Bedreddin Hassan

 La cent et huitième nuit

LE lendemain, Scheherazade ayant repris la parole, dit à Schahriar, en continuant à faire parler le visir Giafar :
 » Sire, le visir Schemseddin Mohammed étant revenu de son évanouissement par le secours de sa fille et des femmes qu’elle avait appelées : « Ma fille, dit-il, ne vous étonnez pas de l’accident qui vient de m’arriver : la cause en est telle, qu’à peine y pourrez-vous ajouter foi. Cet époux qui a passé la nuit avec vous, est votre cousin, le fils de Noureddin Ali. Les mille sequins qui sont dans cette bourse, me font souvenir de la querelle que j’eue avec ce cher frère ; c’est sans doute le présent de noce qu’il vous fait. Dieu soit loué de toutes choses, et particulièrement de cette aventure merveilleuse qui montre si bien sa puissance. » Il regarda ensuite l’écriture de son frère, et la baisa plusieurs fois en versant une grande abondance de larmes. « Que ne puis-je, disait-il, aussi bien que je vois ces traits qui me causent tant de joie, voir ici Noureddin lui-même, et me réconcilier avec lui ! »
 » Il lut le cahier d’un bout à l’autre : il y trouva les dates de l’arrivée de son frère à Balsora, de son mariage, de la naissance de Bedreddin Hassan ; et lorsqu’après avoir confronté à ces dates celles de son mariage et de la naissance de sa fille au Caire, il eut admiré le rapport qu’il y avait entr’elles, et fait enfin réflexion que son neveu était son gendre, il se livra tout entier à la joie. Il prit le cahier et l’étiquette de la bourse, les alla montrer au sultan, qui lui pardonna le passé, et qui fut tellement charmé du récit de cette histoire, qu’il la fit mettre par écrit avec ses circonstances, pour la faire passer à la postérité.
 » Cependant le visir Schemseddin Mohammed ne pouvait comprendre pourquoi son neveu avait disparu ; il espérait néanmoins le voir arriver à tous moments, et il l’attendait avec la dernière impatience pour l’embrasser. Après l’avoir inutilement attendu pendant sept jours, il le fit chercher par tout le Caire ; mais il n’en apprit aucune nouvelle, quelques perquisitions qu’il en pût faire. Cela lui causa beaucoup d’inquiétude. « Voilà, disait-il, une aventure fort singulière : jamais personne n’en a éprouvé une pareille. »
 » Dans l’incertitude de ce qui pouvait arriver dans la suite, il crut devoir mettre lui-même par écrit l’état où était alors sa maison ; de quelle manière les noces s’étaient passées ; comment la salle et la chambre de sa fille étaient meublées. Il fit aussi un paquet du turban, de la bourse et du reste de l’habillement de Bedreddin, et renferma sous la clef…
La sultane Scheherazade fut obligée d’en demeurer là, parce qu’elle vit que le jour paraissait. Sur la fin de la nuit suivante, elle poursuivit cette histoire dans ces termes :

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